Mahdi Fleifel primé au Festival du film méditerrannéen de Tétouan
« A World Not Ours » de Mahdi Fleifel
Dans ce journal en images, Mahdi Fleifel dresse avec sensibilité et humour le portrait intimiste de trois générations d’exilés dans le camp d’Ain el-Helweh, dans le Sud du Liban, où il a lui-même grandi.
Par un kaléidoscope d’enregistrements personnels, d’archives familiales en 8 mm et de séquences historiques, il illustre la vie quotidienne de trois générations palestiniennes hors du monde.
Pour la plupart d’entre nous, l’identité est un acquis : qui nous sommes, d’où on vient et ce que nous sommes est rarement remis en question. Mais pas pour les Palestiniens, qui sont constamment priés d’apporter la preuve de leur identité, ballottés entre un territoire perdu, la réalité des camps et un avenir contesté.
Le réalisateur
Mahdi Fleifel est un cinéaste palestinien vivant à Londres. Né à Dubaï, il a grandi à Ain el-Helweh, puis dans la banlieue d’Elsinore au Danemark. Il est diplômé de la British National Film and Television School en 2009. Ses courts-métrages ont été projetés et primés dans de nombreux festivals à travers le monde et ont remporté un grand nombre de prix. A World Not Ours est son premier long métrage
Quand l’Organisme d’Aide Humanitaire des Nations Unies (UNWRA) installa le camp en 1948, les familles furent placées en fonction de leur village d’origine en Palestine. Chaque famille reçut alors une parcelle de terre assez grande pour accueillir une tente et quelques animaux.
Les premiers résidents mirent un point d’honneur à ne pas construire en dur pour ne pas admettre que cette situation était autre que provisoire. Mais lentement par la force des choses, ils durent se rendre à l’évidence et construire des logements durables.
Au fil du temps, les terrains d’origine furent divisés à chaque mariage. Les parcelles rétrécirent, les familles s’agrandirent, et commencèrent à construire leurs maisons sur celles de leurs parents, créant ainsi un labyrinthe de ruelles inaccessibles.
64 ans plus tard, Ain el-Helweh est toujours là, petit bout de Palestine entouré par les postes de contrôle de l’armée. Il est toujours interdit aux résidents de voyager. L’Etat libanais les considère comme des étrangers, ne leur octroyant aucun droit économique, politique ou social.
Le point de départ de « A world, not ours »
Il réunit le Danemark, le Liban et le Royaume-Uni par le biais de la société Nakba Filmworks, en collaboration avec FilmoPro, le Festival d’Abu Dhabi et Screen Institute Beyrouth.
Mahdi Fleifel filme les habitants d’Ain el-Helweh depuis sa plus tendre enfance. Une habitude transmise par un père amoureux de la caméra, toujours prêt à capter petits et grands évènements, probablement conscient de l’importance de garder en mémoire le sort des siens et la vie dans le camp de réfugiés. Mahdi récupère les rushs de son père et construit son propre journal documentaire. Avec A World Not Ours, il rassemble 20 années d’images, de photographies et de vidéos souvenirs des membres de sa famille et de leur vie dans Ain el-Helweh.
A travers le portrait de son grand-père, de son oncle et surtout de son ami d’enfance Abu Eyad, Mahdi peint leur désillusion et leur désespoir quant à un retour en Palestine toujours repoussé. Il rend compte de la résilience de ces perpétuels assiégés qui attendent on ne sait quoi.
… une plongée au coeur d’un camp de réfugiés palestiniens
Avec sa caméra, Mahdi dresse le portrait de quelques figures marquantes, chacune d’elles portant le poids de sa génération. Le grand-père, qui est l’un des premiers à avoir vécu le déracinement, espère toujours un retour en Palestine. En attendant, il cherche désespérément le calme, et combat surtout les enfants bruyants de sa ruelle.
Puis, l’oncle Said, qui a perdu pied avec la réalité depuis la mort de son frère, et qui lutte contre ses démons intérieurs. Lorsqu’il ne se promène pas dans le marché, il reste à observer les poussins du haut de sa terrasse ou à chasser les matous à grand coup de sandales. Et Abu Eyad, l’ami d’enfance du cinéaste, ancien membre du Fatah.
Son discours est politisé, tranchant et d’une grande lucidité. Souvent filmé en travelling dans les ruelles sinueuses d’Ain el-Helweh, il vaque à des occupations un peu étranges, errant d’un lieu à l’autre, pour tuer le temps. Dans ces moments intimes avec la caméra, la parole se délie.
Le traumatisme du déracinement comme de l’enfermement est présent dans tous les esprits. Mais l’amitié et la complicité entre le réalisateur et ses proches ne peut franchir les barrières du camp. En effet, les réfugiés d’Ain el-Helweh ne peuvent sortir sans autorisation, alors de Mahdi a pu en partir très jeune et n’y revient que pour des vacances. Le chômage très élevé et la dureté de la vie à Ain el-Helweh, oppose plus encore la réalité du cinéaste à celle d’Abu Eyad, qui sans travail ni éducation, incarne le désespoir de toute une génération.
« A World Not Ours »
Date de sortie : 04 décembre 2013
Réalisé par : Mahdi Fleifel
Durée : 1h33min
Distributeur : Eurozoom
Extrait bande annonce
About author
A lire aussi ...
PEC 2015 : Mira Abu Hilal & Habib Deek
Extrait de la vidéo du concert de Mira Abu Hilal & le formation de Habib Deek. A savourer !
Golan Al Joulan, Hubert Dupont & le trio Al Sabil
« A la fois Haut Plateau et zone d’occupation, le Golan se rêve en terrain de jeu, en lieu d’échanges, en carrefour des modernités. Nous lui imaginons un avenir poétique. » Hubert Dupont
« La belle promise » de Suha Arraf
Synopsis En Palestine, trois sœurs issues de l’aristocratie chrétienne ont perdu leur terre et leur statut social après la guerre de 1967 avec Israël. Incapables de faire face à leur
Commenter
Only registered users can comment.
O Commentaire
Aucun commentaire
You can be first to comment this post!